Le bon moment pour agir…

Attendre le bon moment pour agir…

De nombreux soignants, thérapeutes, psychologues, kinésithérapeutes, médecins sont, paradoxalement en ce moment, en inactivité ! Parce que leur structure de travail a fermé, parce que leur spécialité ne requiert pas de consultation en urgence, parce qu’eux-mêmes sont tombés malades… Or, lorsque l’on s’oriente vers des métiers du soin, c’est souvent pour se sentir utile, pour être actif et œuvrer au bien de la santé de tous. En parallèle de cela, certain(e)s ami(e)s, les médecins, infirmier(e)s, aides-soignant(e)s qui travaillent en réanimation, dans les services d’urgences, au SAMU, sont débordés, épuisés… Nous les voyons dans les médias ou en échangeant avec eux… Ce décalage entre notre sentiment parfois d’inutilité, en ce moment, et l’épuisement des autres peut être mal vécu, source de culpabilité ou de souffrance.  Et malheureusement, on ne s’improvise pas réanimateur du jour au lendemain !!

Pourtant, dans cette longue chaine de soin, chacun à sa place. Car les besoins d’aide en cette période sont multiples, qu’ils soient directs ou indirects, et immédiats ou différés. Que ce soit sur le plan médical habituel, en aidant les patients à continuer à prendre soin d’eux, de leur maladie chronique, ou sur le plan psychologique, en les aidant à gérer l’anxiété, la colère, parfois la violence… Ou que se soit pour l’après, l’après-infection, ou l’après-confinement, l’après-inactivité… Les besoins seront là… Alors, comment faire pour être prêt le moment venu ? Comment être sur d’avoir ménagé nos réserves pour avoir la force l’énergie nécessaire quand se sera le bon moment pour agir ?

Voici quelques questions et taches qui peuvent vous aider à vous préparer !

  • Quelle qualité vous reconnaissez-vous à votre poste de travail actuel ? Pour quoi savez-vous que vous êtes compétent(e)s ? Si vous avez du mal à répondre à cette question, interrogez des collègues dans lesquels vous avez confiance, ou votre conjoint, des amis… Prenez le temps de repenser à ce que vos collègues disent de vous, les raisons pour lesquels ils vous sollicitent… On le sait bien, bizarrement, il y a toujours celui à qui l’on demande d’expliquer à un patient difficile, ou au contraire, celui à qui on demande de faire un geste technique difficile… Ou celui à qui on demande de venir convaincre… Ces qualités ne sont jamais énoncées à voix haute, mais en général, intuitivement , cela se met en place. Qu’aimez-vous particulièrement dans votre activité professionnelle ? L’écoute ? L’accompagnement tout au long de la vie ? L’aide dans la traversée de moment difficile ? L’action ? La réflexion ?
  • Comment avez-vous choisi votre métier ? Par hasard, mais sans regret, car vous l’aimez ? Après élimination ? Après mure réflexion ? Par défi ? Qu’est-ce qui vous a attiré dans ce métier ?

Vous pouvez noter ces réponses dans un carnet, pour les ancrer, les relire.

Ensuite, observez, observez, observez comme le dirait Milton Erickson ! Observer ce que vous ressentez, vos émotions, dans votre corps…

Observez ce que vos amis vous disent, ce que vous lisez, ce que vous entendez qui vous semble pertinent…

Toutes ces observations seront utiles le moment venu ! Vous avez trouvé le confinement difficile ? À certains moments, vous vous êtes sentis découragés ?  Vous avez eu peur pour votre santé, celle de vos proches ? Vous avez été en colère ?

Notez, notez, notez…

Vous avez réussi à trouver des ressources ? Vous avez créé ? Vous avez compris d’une nouvelle manière certains points de vue ?

Notez… Notez… Notez…

Lorsque ce sera pour vous le bon moment, la bonne manière d’agir, toutes ces observations seront utiles. Elles vous permettront d’aider vos patients, vos collègues, vos amis… En validant ce qu’ils ont ressenti, en leur prodiguant des réflexions, des conseils, des idées… En les encourageant…

Connaissez-vous la magnifique histoire de FREDERIC de Leo Lionni ?

Frédéric est un petit mulot… Toute sa famille s’agite à l’approche de l’hiver… Ils font des stocks, réaménage le terrier… Et tous en s’agitant passent devant Frédéric qui ne fait rien… En apparence… Les mulots se terrent au fond du terrier, l’hiver est là… Et lorsque les réserves s’épuisent et que le moral des mulots semble au plus bas… Frédéric leur rappelle la chaleur du soleil, la beauté des couleurs, la saveur du blé… Tous s’étonnent alors de ce que Frédéric leur apporte… Et Frédéric leur rappelle malicieusement qu’à sa manière il a fait lui aussi… Des provisions… Et qu’il les a gardées pour le moment où elles seraient le plus utiles…

Alors, soyons nous aussi des Frédéric, mulot des 4 saisons… À nos provisions !

Isabelle Prévot